L’Europe veut mieux contrôler les grandes entreprises de l’internet comme Google et Meta (propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, entre autres). Le Parlement européen vient de se mettre d’accord sur deux lois pour y parvenir. Qu’allons-nous en tirer ?
Deux lois européennes doivent fixer des limites au pouvoir de ces entreprises et leur imposer des responsabilités. Il s’agit de la loi sur les marchés numériques (DMA) et de la loi sur les services numériques (DSA). La première a été adoptée par le Parlement européen en décembre, la seconde en janvier.
Cela signifie que l’on sait désormais à quoi ressembleront la DMA et la DSA. Mais les textes ne sont pas encore définitifs. Des négociations sont encore nécessaires avec le Conseil de l’Union européenne. Les 27 États membres de l’UE sont représentés au sein de ce Conseil.
Ce n’est que lorsque ces négociations seront terminées que les mêmes règles s’appliqueront dans toute l’Union européenne. Dans cet article, nous expliquons ce que le Parlement européen a accepté et ce qui figure dans la loi pour le moment.
Qu’est-ce que la loi Digital Markets Act (DMA) et la loi Digital Services Act (DSA)?
Cette disposition figure désormais dans la loi sur les marchés numériques
La loi sur les marchés numériques se concentrera probablement sur dix à quinze des plus grandes entreprises Internet. Les plateformes qui touchent au moins 45 millions de personnes en Europe et qui ont au moins dix mille clients professionnels seront couvertes par la loi. Voici ce que tu pourrais commencer à remarquer :
- Les services de messagerie des géants de la tech doivent ouvrir leur appli à d’autres applis de chat. Par exemple, il devrait devenir possible pour un utilisateur de WhatsApp de discuter avec un utilisateur de Signal.
- Tu devrais pouvoir supprimer toutes les applis préinstallées sur un smartphone ou un ordinateur, à moins que cela n’entraîne l’arrêt du fonctionnement normal de l’appareil (ce qui est le cas, par exemple, de l’appli permettant de passer des appels sur ton téléphone).
De même, la loi devrait te protéger lors de l’achat de produits ou de services sur les grandes plateformes :
- Les plateformes telles que Booking.com, la boutique en ligne d’Amazon et l’App Store d’Apple n’ont pas le droit d’empêcher les entreprises qui y opèrent de vendre une chambre d’hôtel, un produit ou une application sur d’autres plateformes (à moindre coût).
- Les entreprises ne peuvent pas utiliser un design trompeur, par exemple pour t’inciter à acheter (« Il ne reste que 3 chambres »).
- Les géants de l’Internet n’ont pas le droit de donner la priorité à leurs propres produits ou services sur leurs propres plateformes. Apple n’a donc pas le droit de simplement placer ses propres applications plus haut dans l’App Store. Et Amazon et Google n’ont pas le droit de donner plus d’importance à leurs propres produits dans leur boutique en ligne ou leur moteur de recherche.
En outre, la DMA doit mieux garantir la protection de ta vie privée :
- Les entreprises qui collectent des données personnelles te concernant sur plusieurs plateformes (comme Meta sur Facebook et Instagram) n’ont le droit de combiner ces données que si tu en donnes explicitement l’autorisation.
- Les données personnelles des mineurs ne peuvent absolument pas être utilisées à des fins commerciales, par exemple pour le marketing ou les publicités personnalisées.
Enfin, le DMA exige que les géants de la tech notifient à la Commission européenne leurs projets d’acquisition d’autres entreprises internet. Bruxelles veut ainsi empêcher les rachats s’ils peuvent être préjudiciables aux citoyens, ou s’ils ne visent qu’à étouffer la concurrence.
Les entreprises qui ne se conforment pas à la DMA peuvent se voir infliger une amende allant de 4 à 20 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial.
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Et voici ce que dit maintenant la loi sur les services numériques.
La loi sur les services numériques ne vise pas seulement les géants, mais aussi les petites entreprises de l’Internet. Cependant, les très grandes plateformes en ligne – des entreprises qui touchent 45 millions de personnes en Europe – ont également des responsabilités supplémentaires en vertu de cette loi.
Une chose que tu devrais rapidement remarquer dans l’utilisation quotidienne d’Internet depuis la DSA est un changement dans la façon dont les sites te demandent la permission de placer des cookies.
Souvent, ces notifications comportent un gros bouton vert pour « Accepter ». Ce bouton se trouve à côté d’un bouton moins visible, avec des menus compliqués derrière lui, pour les cas où tu préfères que le site ne place pas de fichiers qui surveillent tes habitudes de navigation. La nouvelle loi doit mettre un frein à ce genre de pratiques.
En outre, l’ASD doit empêcher la diffusion en ligne de contenus indésirables :
- Les plateformes Internet doivent agir contre ce qui est illégal, comme les discours de haine, mais aussi la violation des droits d’auteur ou le commerce illégal.
- L’ASD ne définit pas exactement ce qui est illégal : cela est fixé par les lois nationales ou d’autres réglementations qui s’appliquent à l’ensemble de l’Union européenne.
- Les entreprises doivent rendre les messages illégaux inaccessibles ou les supprimer dès qu’elles en ont connaissance. Ce faisant, elles sont confrontées à la tâche difficile de continuer à garantir la liberté d’expression. Si tu as l’impression que ton message a été injustement supprimé, tu dois pouvoir t’y opposer.
- Les sociétés Internet peuvent se faire aider par des organismes experts dans certaines activités illégales, comme la police ou des organisations qui ne sont pas liées au gouvernement mais qui servent un intérêt social. Cela devrait permettre de faire disparaître plus rapidement les messages illégaux.
La loi exige également la transparence de la part des entreprises :
- Les médias sociaux comme Facebook et Twitter doivent indiquer clairement qu’ils utilisent des algorithmes. Ils doivent également expliquer quelle influence ceux-ci ont sur le fil d’actualité ou la timeline des utilisateurs.
- Les entreprises comme Meta et Google, lorsqu’elles affichent des publicités, doivent indiquer clairement quelle partie est derrière elles et pourquoi le visiteur les voit. Les visiteurs doivent également avoir la possibilité de ne pas recevoir d’annonces personnalisées.
Chaque État membre de l’UE disposera d’un régulateur qui contrôlera l’ASD. La Commission européenne continuera également à garder un œil sur les choses, en particulier sur les très grandes plateformes en ligne.
Les géants de l’Internet sont si grands que leur existence comporte aussi des risques, pense-t-on. Par exemple, parce que leurs choix peuvent limiter la liberté d’expression ou le droit à la vie privée, ou parce que les messages illégaux peuvent avoir une très grande portée.
Les entreprises qui enfreignent l’ASD peuvent se voir infliger par la Commission européenne une amende pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial.